Genève de notre correspondant
De la farine contre du sexe. La publication, le 27 février, d'un rapport émanant du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) et de l'organisation non gouvernementale (ONG) Save the Children a fait le tour du monde. Ce compte rendu de la mission d'évaluation accuse 67 travailleurs humanitaires, appartenant à 40 organisations d'avoir utilisé leur pouvoir pour obtenir des rapports sexuels avec des réfugiées mineures en Sierra Leone, au Liberia et en Guinée. Il accuse plus lourdement encore les Casques bleus en Sierra Leone de s'être non seulement livrés à des abus sexuels, mais aussi, «à l'occasion d'un seul incident (il y en a eu plusieurs, ndlr), d'avoir contribué à la mort d'une dizaine d'adolescentes».
«Rumeurs». Les reportages des journalistes envoyés sur place ont confirmé la gravité des accusations, bien que les inspecteurs dépêchés par l'ONU n'aient pas fini leur travail d'enquête. Reste cependant des éléments troublants : ainsi, dans une lettre adressée le 12 mars aux ONG, dont Libération a obtenu copie, Ruud Lubbers, haut-commissaire aux réfugiés, reconnaît que les trois quarts des accusations n'émanent que de quatre «sources», et aucune d'elles n'est une victime directe. Deux «sources» seulement sont responsables de la moitié des accusations. Ces quatre personnes, comme l'indique Ruud Lubbers, se sont fait l'écho de «rumeurs». Il ne s'agit donc pas d'accusations étayées et vérifiées.
«Ce n'était pas une enquête, mais une mission d'évaluation po