En Inde, où des centaines de musulmans ont été assassinés depuis février, certains imams extrémistes prononcent des sermons de plus en plus incendiaires. Syed Ahmed Bukhari, l'imam de la plus grande mosquée de Delhi, a dénoncé hier ce qu'il a appelé le «génocide» des musulmans dans l'Etat du Gujarat, et averti qu'une «guerre civile» pourrait éclater si les persécutions à l'encontre des populations musulmanes se poursuivaient.
Quelque 120 millions de musulmans vivent en Inde, où ils représentent 12 % de la population. «Les musulmans, a-t-il déclaré, vont devoir songer à prendre des mesures pour se protéger [...]. Lorsque nous montrerons notre force, l'Inde se brisera en morceaux.» Bukhari, un personnage dont l'influence au sein de la communauté musulmane est limitée mais tout de même inquiétante, prend des positions de plus en plus radicales depuis les attentats du 11 septembre. En octobre, il appelait les musulmans indiens à mener une «guerre sainte» contre les Etats-Unis afin de soutenir le régime taliban.
Selon les décomptes officiels de l'Etat du Gujarat, 750 musulmans ont été tués en représailles à l'attaque d'un train d'extrémistes hindous, fin février, au cours de laquelle 59 hindous ont été brûlés vifs. Des organisations indépendantes évoquent un bilan de 800 morts. Dans un rapport rendu public jeudi, un groupement d'associations de fem mes a en outre répertorié de nombreux cas de viols et de «traitements sexuels des plus bestiaux» infligés à des musulmanes du Gujarat.