Berlin de notre correspondante
Le chancelier Schröder n'avait plus le coeur à la campagne électorale vendredi. Sa première réaction à la tragédie d'Erfurt a été d'annuler un grand rassemblement de son Parti social-démocrate, prévu ce week-end à Duisbourg pour présenter son programme de campagne. Face à un «événement qui dépasse tout ce qu'on peut imaginer, nous ne sommes plus en mesure de tenir une manifestation politique normale», a déclaré le chancelier. «Toute l'Allemagne compatit», a-t-il ajouté, alors que le pays était plongé dans la consternation et le recueillement.
Les drapeaux allemands qui flottent sur le Reichstag, siège du Parlement à Berlin, ont été mis en berne. Edmund Stoiber, le candidat conservateur à la chancellerie aux prochaines législatives de septembre, n'en a guère dit plus pour le moment, se contentant d'exprimer lui aussi sa compassion aux proches des victimes : «c'est un signal d'alarme pour notre société», a-t-il ajouté. Les hommes politiques allemands, surtout ceux qui ont suivi l'actualité française de ces dernières semaines, le massacre de Nanterre et la poussée de l'extrême droite, savent pourtant combien ce genre de drame peut bouleverser un pays et générer un sentiment d'insécurité, si ce n'est de psychose.
Chanceux dans son malheur, le gouvernement Schröder pouvait faire valoir que, ce même vendredi, il a fait adopter au Bundestag, avec les voix de l'opposition conservatrice, une loi durcissant encore la législation sur les armes et soumettant