Même professionnels de l'horreur, les policiers et les journalistes qui ont dû raconter ce qui s'est passé, vendredi au lycée Gutenberg d'Erfurt, avaient la gorge nouée et souvent les larmes aux yeux. Vers 11 heures, alors que quelques-uns des 750 élèves de cet établissement à fort bonne réputation de la ville est-allemande planchaient sur les épreuves de maths du baccalauréat, un ancien élève de 19 ans, armé d'un fusil et d'un pistolet, a commencé à parcourir le lycée et à abattre méthodiquement 17 personnes, adultes de préférence, avant de se suicider. Dans l'histoire de l'Allemagne et du monde, c'est le plus sanglant massacre perpétré par un tueur fou dans une école (lire encadré page 24).
Second tueur. L'élève, récemment exclu du lycée et, semble-t-il, empêché de se présenter au bac, est entré dans plusieurs classes, pour viser chaque fois les professeurs : parmi les victimes, on compte douze enseignants, une secrétaire, la vice-directrice de l'établissement, deux élèves et un policier. «Je l'ai vu sortir des toilettes, raconte un jeune élève, témoin de la fusillade. Il est passé devant nous. Sans nous prêter grande attention. Il s'est dirigé vers le secrétariat. Il a frappé. La porte s'est ouverte et il a tiré.» Les enfants ont d'abord «cru à une blague» en voyant cet homme en noir, cagoulé et ganté, portant une arme dans le dos et rechargeant l'autre en chemin. «Puis nous avons entendu les coups de feu, et là nous avons fui au plus vite», poursuit un ga