Moscou intérim
Le général Alexandre Lebed, principal artisan des accords de paix russo -tchétchènes de 1996, s'est tué hier dans la taïga, victime d'un banal accident d'hélicoptère après que le Mi 8 transportant dix-neuf passagers eut percuté une ligne à haute tension à cause de la neige et du brouillard. Le gouverneur de la vaste région de Krasnoïarsk n'aura donc jamais connu la fin de son exil politique. Les steppes sibériennes auront été son tombeau, au sens propre comme au figuré. Depuis son élection au poste de gouverneur, en 1998, dans cette zone de la Sibérie orientale, Alexandre Lebed, qui venait de fêter ses 52 ans, n'était plus qu'un fantôme de la politique russe après avoir été le plus populaire des généraux, un temps pressentiÊpour être le successeur de Boris Eltsine.
Physique massif, air grognon, voix de basse monocorde, le général Lebed était un «dur», admirateur de Pinochet, qui savait plaire aux Russes. Il n'avait qu'un défaut, mortel pour un homme ambitieux : celui de ne rien comprendre aux intrigues et aux alliances qui se forgent dans les coulisses de la vie politique. Fils et petit-fils de militaires, sa voie semblait toute tracée. Parachutiste lors de la guerre désastreuse de l'armée Rouge en Afghanistan (1979-1989), le général Lebed s'oppose en août 1991 aux putschistes communistes et se range du côté des démocrates et de Boris Eltsine. Il est ensuite à la tête de la XIVe armée russe dans une Moldavie en proie à la guerre civile entre séparatistes russoph