Los Angeles
de notre correspondante
La ville en flammes, des tirs d'armes automatiques, les magasins pillés, les passants battus, des hordes qui montent des quartiers pauvres vers les quartiers riches, et, finalement, la garde nationale envoyée pour rétablir l'ordre après cinq jours de violence : c'était Los Angeles il y a dix ans, le 29 avril 1992. Les émeutes les plus meurtrières de l'histoire américaine du XXe siècle ont fait 55 morts et 2 000 blessés. Détruisant la ville sur des dizaines de kilomètres. Le ghetto noir de South Central Los Angeles était descendu dans la rue pour protester contre l'acquittement de quatre policiers, blancs, par un jury, blanc, qui avaient roué de coups un automobiliste, noir, Rodney King. Les images de la scène, filmées par un vidéo-amateur, où l'on voit les quatre policiers s'acharner pendant de longues minutes sur l'homme à terre, à coups de pied, à coups de matraque, avaient pourtant été montrées au cours du procès contre le LAPD (Los Angeles Police Department).
Dans l'heure qui suit l'acquittement, 200 jeunes mani festent et se heurtent aux forces de police dans ce quartier sud de Los Angeles habité depuis toujours par une population noire. Déjà, en 1965, un peu plus à l'est, les émeutes noires de Watts avaient secoué l'Amérique qui commençait seulement à sortir de la ségrégation, faisant 34 morts.
Marches unitaires. L'affaire Rodney King fait exploser cette zone déshéritée, où le taux de chômage est élevé, les écoles sinistrées, les équipem