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Libération

Vienne enterre ses victimes de l'euthanasie

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Des milliers d'enfants du Spiegelgrund, hôpital psychiatrique, ont été exterminés par les nazis.
publié le 29 avril 2002 à 23h12

Vienne de notre correspondant

La mise en scène était parfaite. Hier après-midi, en présence du Président et de tout le gratin politico-religieux du pays (à l'exception notable des mem bres du gouvernement), l'Autriche a célébré en grande pompe la mise en terre des restes des «enfants du Spiegelgrund», cet éta blis sement psychiatrique de Vienne où des milliers de mineurs trouvèrent la mort dans le cadre du programme d'euthanasie lancé par les nazis sur tout le territoire du Reich. A l'issue de la cérémonie, les deux dernières urnes, sur un total de 603, ont été déposées en terre. Des urnes qui renferment les restes de cervelles prélevées à l'époque sur les corps des victimes et conservés «à titre scientifique» dans des bocaux de formol entre posés dans les caves de cet hôpital toujours en activité.

Une ombre a cependant pesé sur ce tableau d'une Autriche tellement désireuse de «refermer une des pages les plus sombres de [son] histoire». Celle du psychiatre autrichien Heinrich Gross, responsable du Spiegelgrund de 1943 à 1944, âgé aujourd'hui de 86 ans, qui n'a toujours pas été jugé. Entré au parti socialiste juste après la guerre, il fera une splendide carrière, publiant de nombreux ouvrages scientifiques (pour lesquels il fut décoré de l'Ordre du mérite autrichien), dont certains s'appuient explicitement sur la dissection de ces crânes que lui-même avait «collectionnés» dans son jeune âge. «J'en appelle à toutes les personnes présentes ici pour qu'au moins la médaille de l'Or