Berlin
de notre correspondante
Jusque dans ce petit gymnase caché à l'est de Berlin, où les Renards d'Adlershof s'entraînent, la consternation marque les visages, plusieurs jours encore après le drame d'Erfurt. Le lycéen qui le 26 avril a tué seize personnes au lycée Gutenberg d'Erfurt, avant de se suicider, était membre d'un club de tir comme celui-ci et s'était procuré ses deux armes, un fusil à pompe et un pistolet 9 millimètres, grâce à son club. Depuis, toute l'institution allemande des «clubs de tir», ces fameux Schützenvereine que l'on voit régulièrement encore défiler avec leurs chapeaux à plumes et leurs uniformes folkloriques, est secouée. Le tueur provenait d'une institution au coeur de la société allemande, forte de 2,5 millions d'adeptes. En nombre de licenciés, le tir est même le quatrième sport allemand, après le foot, le tennis et la gymnastique.
«Discipline et concentration». Reinhard Schröder, entraîneur des Renards d'Adlershof, en interrompt son cours d'émotion : «Ce qui s'est passé à Erfurt est doublement grave : la première chose que l'on apprend dans un club de tir, c'est justement de ne jamais pointer une arme sur une personne.» Des jeunes fascinés par les armes, «croyant qu'ils pourraient jouer les cow-boys chez nous», les dirigeants de ce club berlinois avouent qu'ils en voient passer : «Mais ils sont vite dégoûtés quand ils constatent combien notre sport exige de discipline. Au fond, le sport de tir, c'est un combat intérieur contre le salopard qui dor