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Libération
Portrait

Icône de l'espoir démocratique

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Prix Nobel de la paix en 1991, elle résiste aux militaires depuis 1988.
publié le 7 mai 2002 à 23h23

Bangkok correspondance

Dans la capitale birmane, à la simple évocation du nom d'Aung San Suu Kyi, l'homme de la rue préfère baisser la voix pour parler d'elle. Mais, malgré la terreur militaire, «la dame de Rangoon» continue de susciter l'espoir d'une population muselée et l'admiration des militants des droits de l'homme et des diplomates pour son courage politique. A 56 ans, l'égérie de la démocratie birmane a sacrifié quatorze années de sa vie à la résistance pacifique à la dictature, dont près de huit en résidence surveillée.

Dissidence. Née en 1945, fille du héros-martyr de l'indépendance, le général Aung San, elle est éduquée dans les meilleures écoles de Rangoon avant de quitter son pays en 1960 pour une adolescence dorée en Inde aux côtés de sa mère, ambassadrice. Elle étudie à Oxford, se marie en 1972 à Michael Aris, un universitaire britannique spécialiste du bouddhisme tibétain, puis mène une vie confortable en Grande-Bretagne, comme professeur et consultante pour les Nations unies. Elle élève ses deux enfants et apprend, à ses heures perdues, le français, le japonais et le piano.

L'année 1988 marque pourtant le déclenchement spectaculaire et inattendu de sa carrière de dissidente. Après vingt-huit ans d'absence, elle rentre en Birmanie pour soigner sa mère mourante. Elle est très vite happée par le souffle des manifestations démocratiques contre le régime du dictateur Ne Win, au pouvoir depuis 1962. Sans expérience politique mais porteuse du nom légendaire de son pèr