Rotterdam envoyée spéciale
Avec Pim Fortuyn comme Premier ministre, «les Pays-Bas auraient l'air con», avait commenté il y a quelques jours Frits Bolkestein, le commissaire néerlandais à Bruxelles. Le plus stupéfiant dans la brève saga de cet ovni politique, surgi il y a seulement quelques mois sur la scène électorale, c'est bien que les plus sérieux commentateurs n'excluaient même plus qu'il soit en mesure de briguer la tête du futur gouvernement, après le triomphe que lui prédisaient déjà les sondages aux législatives du 15 mai.
Ultramédiatique. Son crâne rasé, ses somptueuses cravates larges, son homosexualité brandie en étendard, ses formules à l'emporte-pièce avaient le don de doubler l'Audimat de toutes les émissions de télé, qui se l'arrachaient depuis le début de cette campagne et son succès aux dernières municipales. A Rotterdam, le 6 mars, «Pim» avait créé la surprise en remportant 17 des 45 sièges au conseil municipal, s'imposant comme le premier parti du plus grand port du monde. Mais Pim était justement tout, sauf un «parti». «C'est en fait un cow-boy politique», estime Henri Beunders, politologue à l'université Erasmus de Rotterdam, qui y voyait un croisement du Premier ministre italien Silvio Berlusconi et de l'ancien maire de New York Rudolph Giuliani. Du second, il avait le discours sur la loi et l'ordre. Avec le premier, il partageait le mépris pour l'islam et la haine de la bureaucratie.
Au vitriol. La meilleure façon de faire sortir Pim Fortuyn de ses gonds,