Hilversum envoyé spécial
Rédigée à la main, l'affichette est collée sur un panneau à quelques mètres de l'endroit où le leader populiste néerlandais Pim Fortuyn a été assassiné lundi soir. A l'entrée du Media Park, le siège de la radiotélévision nationale, les bouquets de fleurs s'amoncellent. Des bougies, quelques affiches et même un ours en peluche. Une petite foule, sans cesse renouvelée, vient se recueillir à la mémoire de celui dont on attendait qu'il bouleverse la donne politique locale lors des élections générales du 15 mai.
Larmes. A Hilversum, comme devant sa maison de Rotterdam, aucune agressivité, pas un cri, mais des larmes. La veille, en revanche, l'annonce de sa mort avait provoqué de violentes échauffourées dans le centre de La Haye. Une élégante pleure à chaudes larmes, une jeune «gothique» dépose quelques fleurs, les yeux rougis. Des enfants se taisent. A Hilversum, les électeurs de Pim et les badauds de cette ville résidentielle proche d'Amsterdam tous blancs expriment ce que les grands quotidiens d'hier matin écrivaient à la une : «Verbijstering», la «stupéfaction». Le dernier assassinat politique aux Pays-Bas date en effet de plus de trois siècles, en 1672 exactement, lorsque Cornelis et Johan De Witt furent tués par une foule orangiste. Avec la mort de Pim, «les Pays-Bas ont perdu leur innocence», affirmait hier Ad Melkert, leader du parti socialiste. Un attentat qui survient alors que le gouvernement avait démissionné le mois dernier, à la suite d'un