Vienne de notre correspondant
Victoire sur le nazisme ou défaite tragique de «nos valeureux soldats» ? Cinquante-sept ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'Autriche ne sait toujours pas quelle valeur accorder au 8 mai 1945. Hier, Vienne s'est retrouvée en état de siège, alors que des mouvements d'étudiants proches de l'extrême droite avaient appelé à manifester à la mémoire des soldats autrichiens morts au champ d'honneur. Avec un slogan aux accents très clairement négationnistes : «L'estime de soi au lieu de la haine de soi. Pour un nouveau rapport avec l'Histoire.»
Beuveries. En face d'eux, plusieurs cortèges se sont formés, rassemblant diverses tendances de l'opposition de gauche, pour dénoncer cette «transformation d'un jour de fête en un jour de deuil». Afin d'empêcher un affrontement direct entre les deux «camps», d'impressionnantes forces de police étaient réparties dans le centre-ville.
Les mouvements d'étudiants proches de l'extrême droite sont les héritiers directs des Burschenschafter (ou corporations de jeunes) allemands des années 30 et ils revendiquent leur attachement «au peuple et à la culture germaniques». Ils réclament un assouplissement de la loi autrichienne interdisant toute remise en cause des crimes du nazisme, loi qu'ils jugent «contraire à la liberté d'opinion».
Connus surtout pour leurs uniformes à l'ancienne et leur goût prononcé pour les duels au sabre et les fraternelles beuveries, ils restent d'habitude discrets. Ils exercent cependant u