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Guérillero à 15 ans,de gré ou de force

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publié le 11 mai 2002 à 23h26

Caguán de notre correspondant

Il est cinq heures et demie du matin, les ahanements résonnent dans tout le campement. Sous le soleil à peine naissant, le commandant Toño dirige les exercices de gym d'une soixantaine de combattants, guérilleros et guérilleras des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc). «Et un, deux, trois...» Au premier rang, des visages juvéniles se crispent sous l'effort. Près de la moitié de la troupe en treillis, basée dans la région de montagne et de forêt du Caguán, à 300 kilomètres au sud de Bogota, a des traits d'adolescent.

«J'ai 15 ans», affirme Fernando après une hésitation, en relevant un visage d'enfant de son barda. Officiellement, les Farc respectent cet âge minimum, fixé par les conventions de Genève, pour recruter des combattants. Mais quand Fernando suggère qu'il est une fraîche recrue, ses copains, guère plus âgés, éclatent de rire. «Ce gars est né dans la guérilla !» Plus loin, une fille de 17 ans laisse échapper qu'elle a pris les armes sept ans plus tôt.

Comme eux, 6 000 mineurs colombiens participent à la guerre civile, dans les rangs de l'une des deux guérillas ­ les Farc ou l'Armée de libération nationale (ELN) ­ ou dans ceux de leurs ennemis jurés, les paramilitaires d'extrême droite des Autodéfenses unies de Colombie (AUC). Selon l'Unicef, plus de 14 % d'entre eux auraient été recrutés de force.

Machine à laver. Mais beaucoup d'autres, paysans pour la plupart, sont partis seuls de la maison familiale, attirés par l'éclat des k