Washington
de notre correspondant
Les parrains de la mafia ne finissent pas tous criblés de balles dans une ruelle humide au clair de lune. «Joe Bananas», Joseph Bonanno de son vrai nom, qui dirigeait l'un des cinq grands clans de la mafia new-yorkaise entre 1931 et 1966, est mort samedi de sa belle mort, à Tucson, en Arizona. A 97 ans, son coeur a lâché.
Racket. Joseph Bonanno, né à Castellemmare del Golfo en Sicile, était l'un des derniers «grands» mafieux vivants. Il est entré clandestinement aux Etats-Unis en 1924, s'est aussitôt lancé dans le trafic d'alcool, a participé à la sanglante guerre des clans de New York restée sous le nom de Castellemmarese War. Puis il a bâti une fortune sur les paris clandestins, le racket et autres trafics, qu'il a fait fructifier à travers des investissements légaux dans l'agro alimentaire ou le textile. Dès l'âge de 26 ans, il a fait partie de la «Commission», cet organe d'arbitrage créé par Lucky Luciano, après la Castellemarrese War, pour résoudre pacifiquement les différends entre les vingt principales familles qui régnaient alors sur les grandes villes américaines.
Bonanno a fini par être désigné président de la Commission, poste le plus élevé de la mafia, mais cela ne lui suffisait pas. Il a tenté de devenir le «boss des boss» en faisant assassiner ses deux rivaux, Carlo Gambino et Thomas Lucchese. L'épisode est resté sous le nom de Bananas War. Hélas, celui qu'il avait chargé de la besogne, un certain Joseph Colombo, est allé tout raco