Freetown envoyée spéciale
«La politique, c'est un gâteau et nous espérons en avoir une bonne part, car nous avons la majorité silencieuse derrière nous. Mais c'est plus compliqué que de se battre.» H. K. Senese représente le parti de l'ancienne rébellion sierra-léonaise, le RUF, dans l'extrême est du pays. Là où, il y a onze ans, une poignée de desperados déclenchaient une guerre civile qui a fait 100 000 à 200 000 morts, des milliers de blessés et des centaines d'amputés. Pour cet ancien «commandant», la campagne pour les élections présidentielle et législatives qui ont lieu aujourd'hui n'a pas été une partie de plaisir et il n'espère guère un scrutin «libre et transparent». «La commission électorale est à la botte du gouvernement, les médias sont contre nous et la communauté internationale soutient Kabbah [le président sortant, ndlr]», tempête ce quinquagénaire bourru. «Mais l'ONU est une force neutre et nous comptons sur elle pour faire ce qu'il faut», modère à ses côtés Joseph Monya, jeune pasteur rebelle devenu responsable des relations publiques.
Passage à tabac. Pas facile, en quelques mois, de passer de la jungle à l'arène politique. Entamé il y a un an avec le désarmement progressif de toutes les factions combattantes, le processus de retour à la paix et à la démocratie de ce petit Etat d'Afrique de l'Ouest doit être couronné par les élections. Les anciens rebelles du RUF (Front révolutionnaire uni en anglais) ont accolé le «P» de parti à leur sigle et obtenu le droit