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Libération

Cuba esquisse un pas de dissidence

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Succès d'une pétition exigeant des élections, alors que Jimmy Carter est sur l'île.
publié le 15 mai 2002 à 23h28

Joli coup : la pétition de 11 020 signatures présentée vendredi par trois des principaux dissidents cubains devant l'Assemblée nationale du pays ne pouvait mieux tomber, deux jours avant la visite de l'ex-président Jimmy Carter, le plus haut dignitaire américain à voyager dans l'île depuis 1959 (1). Mais, surtout, grande première : jamais la faible dissidence cubaine de l'intérieur n'était parvenue à réunir autant de monde sur un projet. A Cuba, les mouvements de masse étaient jusqu'ici soit des mobilisations de l'Etat, soit des mouvements de fuite (exode de Mariel en 1980, des Balseros en 1994). La forme populaire et déprimée de protestation, selon une vieille tradition cubaine remontant à la colonisation espagnole, c'est l'exil. L'île compte environ 11 millions d'habitants, mais il existe 2 millions d'exilés cubains, dont la moitié aux Etats-Unis.

Contraction orgueilleuse. Cette action spectaculaire a lieu quelques jours après la libération de l'un des principaux dissidents insulaires, Vladimir Roca. Ancien pilote de chasse, il est le fils de Blas Roca, l'un des fondateurs du Parti communiste cubain. Blas Roca est un nom fameux à Cuba : il a été donné par l'Etat au contingent de travailleurs sociaux qui, en février, a fumigé La Havane pour la délivrer des moustiques. Son fils Vladimir avait été arrêté, le 16 juillet 1997, avec trois autres dissidents du Groupe de travail de dissidence intérieure. Plus lourdement condamné que les autres, il fut le dernier libéré. Le régime c