Dublin envoyé spécial
En campagne, Gerry Adams signe des autographes comme une rock-star. Il griffonne rapidement son nom sur un drapeau irlandais que lui tend un passant, offre son dépliant à un vieux républicain à la casquette de tweed, échange trois mots avec une écolière en uniforme, la bouche pleine de crème glacée, et fait rougir des adolescentes en leur déclarant qu'elles vont passer à la télé. Au pub, un homme, assis au bar, lève son nez au-dessus de sa Guinness et lui adresse un salut de la main.
Il ne fait qu'accompagner le candidat local de son parti, Sinn Féin, dans un faubourg déshérité de Dublin. Mais c'est vers lui que regards et mains convergent. «Que Dieu vous garde !», lui lance une vieille dame. Un homme n'en croit pas ses yeux : «C'est lui ? Vraiment ?» Un Français l'arrête pour lui dire combien il est «ému» par cette rencontre. Dans ce centre commercial, ce géant à la barbe poivre et sel crée la surprise. Car le public l'associe à l'autre partie de l'île toujours britannique et à des batailles autrement moins sereines que la très morne joute électorale irlandaise.
Unité de l'Irlande. Depuis des semaines, le leader républicain a quitté sa province du Nord, ses violences sectaires et son processus de paix chaotique, pour partir à la conquête d'une République qui l'a longtemps rejeté. A l'occasion de ces législatives qui se tenaient vendredi, l'aile politique de l'Armée républicaine irlandaise (IRA) peut enfin espérer étendre son influence au reste de l'île ve