Bruxelles (UE)
de notre correspondant
La vague populiste, xénophobe et nationaliste qui traverse l'Europe depuis deux ans, de l'Autriche aux Pays-Bas, en passant par le Danemark, le Portugal, l'Italie ou la France, n'a pas d'explication simple et univoque. Surtout dans une Europe riche et en paix. Mais ce n'est pas un hasard si elle coïncide avec l'accélération de la construction européenne (euro et bientôt Constitution), le prochain élargissement de l'Union européenne et la reprise de l'immigration. Si ce vote populiste n'a pas l'Europe comme cible principale, il remet bien en cause l'Union européenne telle qu'elle se fait. «Ce n'est pas l'intégration européenne elle-même qui est la cause de la poussée de l'extrême droite», selon Pascal Lamy, le commissaire européen au commerce extérieur (Libération du 3 mai), mais «elle a sa part de responsabilité dans les exclusions, l'exacerbation des problèmes identitaires et les réactions sécuritaires face à l'immigration».
Travailleurs oubliés. Beaucoup aujourd'hui osent se demander si la vraie cause de l'insécurité n'est pas à chercher à Bruxelles. Sous les coups de boutoir de la mondialisation et des Anglo-Saxons, l'Union, depuis une dizaine d'années, a résolument adopté un modèle libéral étranger aux traditions européennes : libéralisation et flexibilisation du marché du travail sont devenus l'alpha et l'oméga de l'action communautaire. Au passage, l'Union a oublié les travailleurs, devenus de simples variables d'ajustement : si le li