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Libération

Sierra Leone : une armée de «pros» avec les bandes armées

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Des Britanniques encadrent ex- rebelles et réguliers.
publié le 21 mai 2002 à 23h32

Freetown envoyée spéciale

Tenues kaki, bardas, fusils, les soldats, campés en haut d'une petite butte, font leurs classes sous un soleil hargneux. Trois officiers britanniques des Royal Gurkhas, le célèbre bataillon népalais hérité de l'empire de Sa Gracieuse Majesté, encadrent l'entraînement assuré par les Sierra-Léonais. Les jeunes recrues, anciens rebelles ou ex-miliciens, ont toutes plusieurs années de combats dans le bush (la brousse) au compteur, mais ils écoutent sagement. «Ici, nous leur enseignons les techniques de base et ils apprennent vite, se réjouit le sergent instructeur Bangura. Prenez le tir : quand ils arrivent, ils ont du mal à atteindre une cible à 25 mètres, ils ne savent pas mettre en joue correctement, ils "arrosent", l'arme à la hanche. Après neuf semaines d'entraînement, ils se débrouillent bien à 100 mètres.»

Championne des putschs. Au camp militaire de Bengwema, à une heure de route de la capitale Freetown, le «programme de réintégration» des anciens combattants de la guerre civile est un pari : transformer, après dix ans de combats, des rebelles sans foi ni loi en militaires professionnels, loyaux au régime et à la démocratie. Au total, 2 300 recrues, issues de toutes les factions, ont été formées ces quatre derniers mois, sous l'oeil vigilant d'une quarantaine d'experts britanniques. Les troupes de Sa Majesté, tombées du ciel en mai 2000, alors que les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) tenaient 500 Casques bleus en otages, n'ont plus quit