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Libération

Bouteflika monte au front électoral

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Arrestations et appels au boycott se multiplient avant les législatives.
publié le 22 mai 2002 à 23h33

Sur le campus de l'université algéroise de Bouzaréah, le chef de l'Etat Abdelaziz Bouteflika sort de voiture d'un pas ferme. Il a déjà été partout ou presque, dans l'Est, dans l'Ouest. Demain, il sera à Oran. A moins de deux semaines des législatives, il mène campagne à marche forcée. En Algérie, où la fraude a depuis longtemps vidé les scrutins de leur enjeu, un boycott croissant et des émeutes qui ne s'apaisent pas ­ en Kabylie comme dans le reste du pays ­ ont cette fois créé l'affolement au sein du pouvoir. Samedi dernier donc, Bouteflika a décidé d'inaugurer en personne une bibliothèque universitaire.

D'un groupe d'étudiants, les premières protestations fusent. «Pouvoir assassin !» «Non au vote !» «Les élections seraient à l'eau, s'il y avait de l'eau», crie un autre, allusion au réseau d'assainissement qui se tarit chaque jour davantage. Le chef de l'Etat remonte en voiture, sous une volée de cailloux. Ce mélange d'abattement et de révolte, de désintérêt et de rage contre le scrutin, c'est celui de la campagne algérienne. Là, il va se corser en direct.

Sur le campus, le Président vient juste d'appeler «à la participation massive» que, déjà, la répression commence. Dix-neuf étudiants, ciblés et accusés d'être les «meneurs», sont arrêtés. Le lendemain, Khelil Abderrahmane, de la Ligue des droits de l'homme (LADDH) et SOS-Disparus, se rend près de l'université, avec Sid Ahmed Mourad, pour recenser les interpellations, travail classique de responsable d'association. Embarqué