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Libération

La Pieuvre relève la tête en Italie

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Amer constat, dix ans après l'assassinat du juge antimafia Falcone.
publié le 23 mai 2002 à 23h33

Rome de notre correspondant

«Cosa Nostra s'est enterrée et s'emploie à se faire oublier. Elle ne commet plus d'assassinats retentissants. Mais alors qu'elle avait été sérieusement mise en difficulté il y a quelques années, elle s'est réorganisée.» Dix ans après l'assassinat du juge antimafia Giovanni Falcone, le 23 mai 1992 à Capaci, près de Palerme, Giancarlo Caselli, qui fut en quelque sorte son successeur au parquet de la capitale sicilienne, ne cache pas sa préoccupation. «Le racket a repris de manière massive et la mafia contrôle la plupart des appels d'offre publics sur l'île», détaille le magistrat, pour qui «la question est devenue un problème national avec le recyclage d'argent sale dans tout le pays ainsi qu'à l'étranger».

Passes d'armes. Surtout, l'unité politique affichée à la suite de l'assassinat du magistrat symbole de la lutte antimafia et celui, deux mois plus tard, du juge Paolo Borsellino, via D'Amelio, en plein Palerme, n'est plus de mise. Les cérémonies officielles en mémoire des deux hommes sont ainsi l'occasion de violentes passes d'armes entre majorité et opposition. «Ils seront commémorés par ceux qui ne le méritent pas», a attaqué, samedi, le démocrate de gauche Luciano Violante. Ancien président de la Chambre des députés et de la commission parlementaire antimafia, celui-ci estime que certaines propositions du gouvernement Berlusconi en matière de réforme de la justice «affaiblissent la lutte contre la mafia et favorisent les organisations mafieuses»