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Interview

Sihem ben Sedrine «Pour Ben Ali, c'est le moment de s'offrir une dictature légale»

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L'opposante Sihem ben Sedrine refuse d'aller voter dimanche.
publié le 24 mai 2002 à 23h34
(mis à jour le 24 mai 2002 à 23h34)

Alors que le président Ben Ali arrivera en 2004 au terme de son troisième et légalement dernier mandat, une réforme constitutionnelle est justement soumise à un référendum dimanche en Tunisie. Selon les nouveaux textes, un chef de l'Etat aura le droit de postuler autant de fois qu'il le souhaite à la magistrature suprême et la limite d'âge, jusque-là plafonnée à 70 ans, passe à 75. D'autre part, le texte précise que le Président bénéficiera d'une totale impunité, tant pendant l'exercice du pouvoir qu'après. Zine ben Ali avait pris le pouvoir en 1987 par un «coup d'Etat médical», poussant à la retraite un Bourguiba vieillissant. Ex-directrice d'une maison d'édition à Tunis, aujourd'hui responsable du journal en ligne Kalima, Sihem ben Sedrine n'ira pas voter dimanche. Fondatrice avec d'autres du CNLT (Comité national des libertés en Tunisie, non reconnu) en décembre 1998, elle fait partie de ceux, militants démocrates ou des droits de l'homme, que le régime a baptisés «les bêtes noires», ce qui lui a valu d'être emprisonnée du 26 juin au 11 août 2001.

Que va changer ce référendum, s'il est adopté ?

C'est une atteinte profonde à notre citoyenneté, un coup d'Etat constitutionnel qui entérine le fait que le pays devient une concession familiale. Le pouvoir tente d'appeler ce qui va en naître la IIe République. Pour nous, c'est la Dictature première. Cette réforme de la Constitution, qui touche plus de la moitié des textes, vise à renforcer le pouvoir personnel du