Bogota correspondance
Grand favori de la présidentielle de ce dimanche, Alvaro Uribe, le candidat de la droite musclée, ne rêve plus que de passer dès le premier tour. «Du premier coup !», clament ses affiches. Les derniers sondages le créditent de 49 à 51 % des voix. Séduits par ses promesses de «mano dura», de nombreux Colombiens espèrent qu'il va en finir avec les «bandits», les deux guérillas marxistes qui ensanglantent le pays depuis bientôt quarante ans : les 17 000Êhommes des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) et les 4 000 combattants de l'Armée de libération nationale (ELN). Depuis la rupture, le 20 février, du dialogue mené durant trois ans entre le pouvoir et les Farc, les combats se sont intensifiés dans tout le pays. Désabusés face aux tentatives de paix, de plus en plus d'électeurs semblent ainsi vouloir opter pour une guerre totale.
Uribe, 49 ans, un dissident du Parti libéral, promet de doubler le nombre de soldats et veut enrôler 1 million de civils dans un réseau «de surveillants et d'informateurs». Le projet soulève l'inquiétude de l'Onu, qui craint de voir la population entraînée dans la guerre. Des défenseurs des droits de l'homme redoutent eux que ce réseau serve à réprimer toute opposition de gauche. L'appui musclé qu'Uribe reçoit des Autodéfenses unies de Colombie (AUC), ces milices d'extrême droite, fortes de 10 000 hommes, jette encore une ombre sur ce projet. Mais, pour de nombreux Colombiens, la fin de l'insécurité, dans un pays où l'o