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Libération
Interview

«Il sait qu'il n'y a pas de solution militaire»

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publié le 28 mai 2002 à 23h37

Daniel Pécaut, professeur à l'EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales), analyse les conséquences de l'accession d'Alvaro Uribe à la tête de la Colombie.

Comment expliquez-vous ce triomphe d'un homme peu connu encore il y a six mois ?

Son élection traduit la polarisation de la Colombie et l'extrême lassitude à l'égard de la guérilla : les gens n'en peuvent plus. Avec leur dernière proposition absurde ­ celle de revenir à la table des négociations à condition d'obtenir un territoire démilitarisé non plus de 42 000 km2 comme ils avaient avant, mais de 100 000 km2 ­, les guérilleros des Farc ont tout fait pour favoriser sa victoire et lui permettre de passer dès le premier tour. Il semble que la guérilla, très isolée politiquement, ait ainsi misé sur une polarisation accrue, avec l'espoir que de vastes secteurs de la population hostiles à Uribe se rallieraient à elle.

Va-t-on avec Uribe vers une guerre totale contre la guérilla ?

Il est impossible de répondre. La politique de négociations menée ces trois dernières années a totalement échoué. Si Uribe a été élu avec un tel score, c'est bien parce qu'il l'avait prévu depuis longtemps. Mais quand on prend ses fonctions dans un contexte aussi catastrophique ­ crises des institutions et des partis, désastre économique, etc., il est impossible de définir d'emblée ses orientations. Juste après l'annonce de sa victoire, Uribe a appelé à une médiation internationale en vue de négocier avec la guérilla. D'un côté, il est clair qu'