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Libération

Référendum-plébiscite sans surprise pour Ben Ali

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Le raïs tunisien s'assure présidence et impunité à vie.
publié le 28 mai 2002 à 23h37

Les paris étaient risqués puisqu'ils ne portaient que sur les décimales : 99,45 % comme en 1999 ; 99,91 % comme en 1994 ou 99,27 % comme en 1989 ? Ce sera finalement 99,52 % pour ce «premier référendum populaire de l'histoire de la Tunisie», à mi-chemin donc des résultats des trois élections présidentielles qui ont déjà assuré au président Zine ben Ali quinze ans de règne sans partage sur la Tunisie.

Interrogé sur un score qu'envierait la Corée du Nord elle-même, Hedi M'henni, le ministre de l'Intérieur, a déclaré, sans rire : «Ces résultats ne surprennent que ceux qui ne connaissent pas la Tunisie.» Il aurait pu ajouter : «Ni le Président Ben Ali.» Il a prudemment préféré expliquer que ces chiffres «traduisent la réalité quotidienne» dans notre pays.

Coup d'Etat médical. Sauf séisme majeur, cette «réalité» devrait garder, jusqu'en 2014, le visage du général d'armée nommé Zine Ben Ali. Issu d'une famille modeste, formé dans des écoles militaires française et américaine, il a fait toute sa carrière dans les services de sécurité avant de devenir le Premier ministre de Bourguiba qu'il a renversé en novembre 1987 par «un coup d'Etat médical» pour «sénilité». Dès sa prise de pouvoir, Ben Ali fera abroger la présidence à vie instaurée par son prédécesseur.

Quinze ans et trois scrutins présidentiels plus tard, il vient de s'assurer, à travers un référendum-plébiscite, une présidence et une impunité à vie. C'est là l'objectif essentiel de la réforme constitutionnelle adoptée dimanche.