Bogota correspondance
Pour son premier discours de Président, Alvaro Uribe s'est permis un peu d'émotion. L'homme, habituellement froid, a évoqué dimanche soir la mémoire de son père, assassiné un après-midi de juin 1983. «Il avait quelques mois de plus que moi aujourd'hui. Il lui est arrivé ce qui arrive à des milliers de Colombiens.» Presque vingt ans après, le fils Uribe, aujourd'hui âgé de 49 ans, est devenu pour ses compatriotes le symbole de la fermeté face aux deux guérillas du pays, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) et l'Armée de libération nationale (ELN) qui tuent des milliers de Colombiens, militaires ou civils. Sans charisme particulier, «sans aucun sens de l'humour» selon ses propres amis, le petit homme qui ne danse pas et ne boit pas a imposé son image d'homme travailleur, intègre, qui ne promet rien, mais donne d'une voix posée des recettes pour mettre fin à trente-huit ans de guerre civile. «L'espoir de la Colombie», résume un de ses électeurs.
Ami du cartel. Les «trente ans de vie publique d'homme honnête» du nouveau Président sont pourtant parsemés de zones d'ombre. Fils d'un commerçant habile qui, selon la bonne société de Medellin, «rendait de nombreux services aux Ochoa», une des familles les plus puissantes du cartel de Medellin, Alvaro Uribe a reconnu son amitié d'enfance avec le fils du clan, Fabio, aujourd'hui extradé aux Etats-Unis pour trafic de drogue. «Nous ne nous voyons plus depuis notre jeunesse», a-t-il dû se justifier. D'a