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Libération

Révélations sur un massacre à Kisangani

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Au moins 200 Congolais tués sur ordre du Rwanda, le 15 mai.
par Arnaud ZAJTMAN
publié le 30 mai 2002 à 23h38

Kisangani correspondance

Bavure ou crime prémédité ? Une seule chose est sûre : au moins 200 Congolais ont été froidement massacrés, parfois dans des conditions atroces, les 14 et 15 mai derniers à Kisangani, dans l'est du Congo-Kinshasa. La troisième ville du pays est depuis quatre ans sous le contrôle d'une rébellion, le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD-Goma), impopulaire et soumise au Rwanda, qui dirige de fait cette région (lire repère ci-contre) échappant au contrôle du pouvoir central du président Joseph Kabila à Kinshasa.

Tout a commencé le 14 mai à l'aube, lorsqu'un groupe de mutins, hostile à l'occupation rwandaise, prend le contrôle de la radio de la ville. «Si tu es soldat congolais, prends une arme. Si tu es civil, prends une pierre, si tu es boxeur, si tu fais du karaté ou du catch, si tu es sorcier ou féticheur, amène ton savoir, ta puissance. L'heure est venue de chasser les Rwandais», annonce la radio, qui donne les noms des immeubles où vivent des Rwandais.

Excédés par l'occupation des Rwandais et de leurs supplétifs congolais, les 800 000 habitants de Kisangani n'attendent qu'une occasion pour se soulever. Leurs espoirs d'un prochain retour à la normale se sont envolés avec l'échec des négociations de paix qui se sont achevées le mois dernier en Afrique du Sud. L'appel radiodiffusé arrive en terrain fertile. Peu à peu, des milliers de gens convergent vers le centre de la ville, nichée entre le fleuve Congo et la rivière Tshopo.

Jean-Paul, un méti