Tizi-Ouzou envoyée spéciale
C'était la préparation des élections législatives, mais il manquait de tout en Kabylie. De candidats d'abord puisque nul ne voulait, ou n'osait, se présenter dans cette région qui appelle massivement au boycottage, criant «Pouvoir assassin !». Alors, à Alger, des listes furent constituées par les «grands» partis du pouvoir, remplies de noms venus d'ailleurs, gardées secrètes le plus longtemps possible. La campagne elle-même fut clandestine, «meeting» de dix personnes, nuitamment, dans des caves ou des boutiques aux volets tirés. Personne non plus ne voulait tenir les bureaux de vote. «Je te placerai dans une commune loin de chez toi», a supplié un notable de Tazmalt. Buté, l'employé de mairie a secoué la tête : «Et en plus tu veux que je meure loin de mes enfants !» Alors, deux jours avant le scrutin, il fallut encore dépêcher des convois de scrutateurs depuis le centre du pays.
A la recherche d'électeurs. Mais là-bas, en Kabylie, où les émeutes enflent, grossissent depuis un an après la mort d'un lycéen dans une gendarmerie le 18 avril 2001, les uniformes n'osent plus sortir de leur baraquement. 15 000 hommes partirent donc à leur tour d'Alger pour quadriller la région. Il manquait encore une chose, un détail sans doute dans ce pays où nul ne songe à nier la fraude : qui allait voter au milieu des urnes qui brûlent et des slogans «A bas les élections de la honte !» ? Comme la charrette des condamnés, une escouade de faux électeurs accepta de monter