Il y a peu, Saad Eddine Ibrahim était un homme en vue. Professeur de sociologie à l'Université américaine du Caire, détenteur de la double nationalité égypto-américaine, il était également directeur du centre Ibn Khaldoun, un think-tank sur les droits civiques. Ancien professeur de la première dame d'Egypte, Saad Eddine Ibrahim a longtemps bénéficié de l'oreille bienveillante de Hosni Moubarak. L'Etat, dans sa lutte contre le fondamentalisme au début des années 1990, avait sollicité ses conseils, lui offrant même une tribune télévisée hebdomadaire pour promouvoir ses idées sur la modération, en politique comme en religion. Un militant des droits de l'homme atypique. Un «apparatchik» et un «imposteur» pour ses détracteurs, «un chercheur de premier ordre», «un homme dont l'intégrité ne saurait être remise en cause», affirment ses amis.
Aide financière. Aujourd'hui, Saad Eddine Ibrahim fait la une des journaux, mais derrière les barreaux. C'est à l'été 2000 que tout s'écroule : il est écroué, accusé par le parquet de la Sûreté de l'Etat d'avoir perçu sans autorisation des fonds de l'Union européenne et porté atteinte à l'image de l'Egypte. Sans compter de multiples charges d'espionnage, de falsification de cartes d'électeurs et autres, plus fantaisistes les unes que les autres, abandonnées depuis. Trois faits principaux sont reprochés à l'universitaire.
Outre l'aide financière «illégale» de l'UE, Saad Eddine Ibrahim travaillait à la réalisation d'un film sur le p