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Libération

Londres: le ministre geôlier dénoncé

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La Cour européenne condamne l'absence de séparation de pouvoirs.
publié le 1er juin 2002 à 23h47

Condamné à six ans de détention pour fraude, Dennis Strafford avait purgé le tiers de sa peine quand les magistrats ont ordonné, en 1996, sa libération conditionnelle. En vertu de ses pouvoirs, le ministre de l'Intérieur de l'époque, Jack Straw, l'a renvoyé en prison au motif qu'il risquait de récidiver. L'homme, déjà reconnu coupable de meurtre dix-sept ans plus tôt, a passé deux ans de plus derrière les barreaux. Saisie par l'ex-détenu, la Cour européenne des droits de l'homme a condamné mardi le gouvernement britannique.

Les juges de Strasbourg estiment que Londres a violé le principe de la séparation des pouvoirs. La décision de maintenir ou non Strafford en prison relevait, selon eux, de la justice et non de l'exécutif. «J'ai perdu deux années de plus, parce que des politiciens, qui n'ont aucune compétence juridique et aucune connaissance de mon dossier, l'ont décidé», a déclaré le plaignant, aujourd'hui âgé de 69 ans. L'Etat devra lui verser 10 500 livres (15 750 euros) de dommages et intérêts.

L'arrêt européen pourrait obliger la Grande-Bretagne à relâcher 1 300 prisonniers, dont les peines ont été alourdies par les ministres de l'Intérieur successifs. Parmi les possibles bénéficiaires figurent certains meurtriers très célèbres. Selon le Daily Telegraph, Myra Hindley condamnée à la perpétuité, en 1966, pour l'assassinat de deux enfants, a déjà saisi la Cour de Strasbourg.

Par le jeu des remises de peine, elle aurait dû être relâchée au bout d'une quinzaine d'années. Tren