Plus de deux heures de retard mais, à vrai dire, nul ne trépignait vendredi à Alger pour connaître le score du scrutin législatif, pour lequel personne ou presque, dans la capitale, n'a daigné se déplacer. Et c'est avec lassitude, après une campagne où les candidats ont débattu sans coquetterie de fraudes et de marchandages, qu'un retraité tripotait sa télécommande : «Les généraux ont eu du mal à se mettre d'accord sur les résultats : ils vont réussir à nous gâcher le début de la Coupe du monde de foot.»
Finalement, l'historique FLN, l'ex-parti unique, a récolté la majorité absolue à l'Assemblée, avec 199 sièges sur 389, juste devant les 48 députés octroyés au RND, l'autre grande vitrine politique du régime. Au coup d'avant, pour les législatives de 1997, c'était lui qui était devant. Mais, en Algérie, la glose postélectorale est un art particulier : «Les résultats ne reflètent pas le choix des citoyens mais celui des "décideurs"», résume un député sortant.
Grande porte. Dans cette lecture au deuxième degré, un étudiant salue «l'avènement d'un nouveau monstre en Algérie : le multipartisme unique», sorte de croisement entre le temps où le FLN tenait seul tout un Etat «socialiste» et celui, après 1988, qui vit se multiplier groupes, groupuscules et contre-groupes. Aujourd'hui, le FLN, cloué au pilori, en 1989, pour mauvaise gestion, revient par la grande porte. Le RND, il est vrai, a fait son temps après avoir été créé de toutes pièces pour soutenir un président, Liamine Zeroual