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Libération

Pas de quartier libre pour Christiania

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Le gouvernement danois menace la communauté hippie de Copenhague.
publié le 4 juin 2002 à 23h49

Copenhague envoyé spécial

Le glas a-t-il sonné pour la «ville libre» de Christiania ? Ce quartier alternatif de Copenhague, célèbre pour son marché ouvert du haschisch dans un pays où les drogues sont illégales, est aujourd'hui dans le collimateur du nouveau gouvernement libéral-conservateur danois soutenu au Parlement par l'extrême droite. Pour la première fois depuis que Christiania existe (plus de trente ans), une majorité de droite tient le Parlement. Et elle a décidé de faire rentrer les Christianites dans le rang.

Au ministère de la Défense danois, un petit bureau discret accueille un secrétariat très spécial. Pas d'affiches guerrières aux murs, mais des posters bariolés et psychédéliques aux couleurs hippies. Les trois fonctionnaires qui y travaillent constituent le «secrétariat Christiania». Depuis 1989, date à laquelle une loi a donné un cadre légal à Christiania, cette unité gère la destinée de cette zone de 22 hectares située au coeur de la capitale. Abandonnée en 1971 par l'armée, elle a été immédiatement squattée par des centaines de Danois en mal de logement. Au fil des décennies, ces habitants l'ont transformée en idyllique décor bohémo-campagnard autogéré, ponctué de maisonnettes rafistolées, envahi de verdure le long d'un canal paisible. Le monde rêvé de Christiania ­ aujourd'hui peuplé d'un millier de personnes ­ nargue les autorités par ses constructions sauvages et sa célèbre Pusher Street (rue des dealers), où la marijuana est en vente libre sur de petits