Pékin de notre correspondant
Six hommes en colère ont débarqué récemment à Pékin. «Nous venons pour porter plainte contre le gouvernement», affirme l'un d'eux. Et, pour appuyer son accusation, il sort de sa poche une liste de 145 noms impeccablement calligraphiés : tous morts du sida dans leur village de la province maudite du Henan, dans le centre de la Chine, par contamination lors de la vente de leur sang au début des années 90. «Mme Liu, décédée en juillet 1999, 28 ans, laisse 4 personnes ; M. Liu (sans lien de parenté, ndlr), 32 ans, décédé en décembre 2000, laisse 4 personnes...»
Histoire tragique. Ces six paysans séropositifs du village de Houyang, dans le sud du Henan, ont vite compris que leur dossier était bien insuffisant sur le plan légal. Ils ont donc voulu raconter leur histoire tragique, celle de leur communauté de 4 000 villageois, décimée par un mal dont ils ignoraient jusqu'à récemment l'existence. Et, dans un texte écrit à la main sur un papier taché, accuser les autorités locales, responsables de leur contamination, de les priver d'accès aux soins et de cacher la vérité sur les circonstances de cette catastrophe (lire ci-contre).
Plus rien à perdre. «Le gouvernement local, après avoir commis ces actes irresponsables, continue à refuser les aides extérieures. Il veut empêcher, pour des raisons politiques, de lever le couvercle. Ne joue-t-il pas avec la vie des gens, n'est ce pas une violation du droit des citoyens ?», écrivent-ils. Leur texte témoigne de la d