C'était le coeur financier du système Milosevic et de ses guerres, une vaste caisse noire avec des ramifications dans plus de cinquante pays. «Durant toute ma carrière, je n'ai jamais rencontré ni jamais entendu parler d'une structure financière off-shore aussi vaste et aussi compliquée», note le norvégien Morten Torkildsen, enquêteur au bureau du procureur et auteur du rapport rendu public hier par le Tribunal pénal international. Ce texte de soixante-quinze pages avec les annexes sera présenté au cours d'une audience ultérieure du procès de l'ancien président yougoslave, jugé depuis le 12 février et accusé de «crimes de guerre et crimes contre l'humanité» pour ses responsabilités dans les conflits au Kosovo (1990-1999), en Croatie (1991-1995), ainsi que de «génocide» pour la Bosnie (1992-1995).
Le système monté par Milosevic et ses proches servait à contourner les sanctions internationales mises en place contre la Yougoslavie dans les années 90, et surtout à acheter des équipements militaires, hors de tout contrôle. «Ce n'est qu'une partie de la pieuvre», explique Florence Hartmann, porte-parole de Carla Del Ponte, soulignant que «le bureau du procureur n'a pas cherché à mener une enquête financière sur l'ensemble de l'argent détourné par Milosevic, mais qu'il s'est concentré sur le financement parallèle des structures et des groupes qui ont mené les guerres et les crimes».
Filières. L'économiste réformiste Mladan Dinkic, actuel gouverneur de la Banque centrale yougoslave, e