L'avenir de l'Afghanistan se jouera en grande partie aujourd'hui et dans les jours qui viennent, sous un grand chapiteau de 2800 m2 installé dans l'enceinte de l'université polytechnique de Kaboul. C'est à l'abri de cette tente géante que le pays ravagé par vingt-trois ans de guerre va commencer réellement à reconstruire ses institutions en réunissant, jusqu'au 16 juin, une Loya Jirga (grand conseil, en langue pashtoune) de 1 551 délégués, dont au moins 160 femmes, qui ont été élus ou désignés ces deux derniers mois. L'allocution d'ouverture doit être prononcée par l'ex-roi de 87 ans, Zaher Shah, rentré en avril après vingt-neuf ans d'exil en Italie. Le pavillon de toile a été fourni par le gouvernement allemand, qui avait accueilli, en décembre sous l'égide des Nations unies, les représentants afghans qui avaient signé les accords de Bonn, au lendemain de la chute du régime des talibans. D'après ces accords, la Loya Jirga doit élire le chef de l'Etat, qui devra ensuite soumettre aux délégués un gouvernement de transition. Celui-ci doit remplacer l'actuelle administration provisoire, le 22 juin, et conduire le pays jusqu'à des élections démocratiques deux ans plus tard. Le conseil devrait élire aussi une assemblée législative de 120 membres, dont 20 femmes.
Ce grand conseil, qui doit donner naissance à un nouvel Afghanistan, constitue une cible de choix pour les nostalgiques du régime taliban et les membres du réseau Al-Qaeda, que les troupes anglo-américaines traquent toujou