Gaza envoyé spécial
Le colonel se porte à la fenêtre. Ses bureaux, outrageusement climatisés, dominent le port de Gaza. A ses pieds, le front de mer. Désert. Un camp de réfugiés. Une friche industrielle. Spectacle désolant d'une ville paralysée. En faction à l'ombre d'un épineux, une poignée de militaires, vigiles nonchalants qui semblent surtout surveiller leur théière. Soupir las du gradé. «Je ne suis pas certain que nous ayons fait le bon choix en acceptant une guerre voulue par Israël.» Atermoiement aux lourds relents de défaitisme. Les temps changent. Jamais officier supérieur ayant rang de ministre dans le gouvernement de Yasser Arafat n'aurait osé exprimer un tel doute il y a encore très peu de temps. Pas même sous de strictes conditions d'anonymat. C'était avant l'opération Rempart. Aujourd'hui, les blindés de Tsahal occupent chaque jour, sans coup férir, une nouvelle ville de Cisjordanie. Et si les attentats à la bombe n'ont pu être pour autant enrayés, l'embryon d'Etat issu du processus de paix a mal résisté au choc de la toute-puissance militaire israélienne.
«L'Autorité palestinienne vacille, à deux doigts de l'effondrement, estime un très haut fonctionnaire que l'on connut plus combatif, notre administration ne fonctionne plus, exsangue. Nos forces de sécurité ont été laminées. Pis, elles se sont révélées inopérantes. Les soldats ont montré qu'ils étaient incapables de protéger la population. Quant aux policiers, ils n'ont jamais bénéficié du respect du public. Ce