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Libération

Des Finnois se languissent de leur Carélie

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Ils réclament à la Russie la restitution du territoire ou la possibilité de mettre en valeur les terres abandonnées.
publié le 14 juin 2002 à 23h57

Stockholm

de notre correspondant

Cinquante ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, toute la Finlande n'a pas encore fait son deuil de la Carélie. La cession à l'URSS d'un bout de cette région avait provoqué un exode traumatisant : la totalité de la population carélienne, plus de 400 000 personnes, avait été rapatriée vers la Finlande. A Helsinki, l'association Aluepalautus («Retour du territoire» en finnois) milite de longue date pour la restitution de ces terres, qui représentent 10 % du sol finlandais. Elle a relancé le débat en proposant récemment de louer à la Russie les fermes évacuées après 1945, pour permettre aux Caréliens ou à leurs descendants de revenir dans cette zone tampon qui part du golfe de Finlande, aux portes de Saint-Pétersbourg, et remonte au-delà du lac Ladoga, vers le nord.

Tabou levé. A l'ambassade de Russie, l'offre est sèchement balayée. «Pas de commentaire», «cette question n'est pas d'actualité», répond Artem Semenov. Au ministère finlandais des Affaires étrangères, c'est aussi le silence radio. Sous le couvert de l'anonymat, un haut responsable concède seulement que «c'est un débat national qui se poursuivra aussi longtemps qu'il y aura des Ca réliens vivants». Selon un démographe, ils seraient 130 000 survivants du grand exode, mais, avec leur descendance, ce groupe se monte à 600 000 personnes, soit 11,5 % de la population finlandaise. A l'époque de l'Union soviétique, «finlandisation» oblige, la question avait été soigneusement étouffée p