En Colombie, on enlève une personne toutes les trois heures et la majorité de ces rapts est le fait des mouvements de guérilla pour qui les rançons constituent désormais la troisième source de revenus, derrière le trafic de drogue et les extorsions de fonds. Avec plus de 3 000 enlèvements par an soit près de la moitié de tous ceux perpétrés dans le monde , la Colombie détient ainsi un sinistre record, encore récemment illustré par le rapt, le 23 février, de la leader écologiste Ingrid Betancourt (1) toujours aux mains des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie, le principal groupe rebelle).
Pour la décennie 90, on estime à un milliard et demi de dollars les revenus générés par les enlèvements pour la guérilla. Sur ce marché, un Colombien «vaut» de 1 000 à 400 000 dollars, un étranger «pèse» entre 500 000 dollars et 5 millions. Ces dernières années, la pratique est devenue de plus en plus lucrative, notamment «grâce» à la multiplication des enlèvements d'enfants (pour qui les parents n'hésitent guère à payer une rançon), aux rapts de masse (l'un des plus célèbres, 150 personnes enlevées le 30 mai 1999 en l'église La Maria de Cali), enfin grâce aux «pêches miraculeuses». Lors de ces «pêches», les guérilleros des Farc ou de l'ELN (Armée de libération nationale, l'autre mouvement rebelle) dressent des barrages routiers, arrêtent, au hasard, des véhicules dont ils font descendre les passagers, puis, après examen, relâchent les trop pauvres pour ne garder que les bonne