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Rwanda : le génocide sous justice accélérée

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Des juridictions locales spéciales sont créées.
publié le 18 juin 2002 à 23h59

A l'allure actuelle, le jugement des 104 000 détenus suspectés dans le cadre du génocide rwandais prendrait au moins un siècle. Comment concilier célérité, exigence de justice et respect des droits de l'homme?

Inédit. Pour remédier à ce casse-tête judiciaire, le Rwanda inaugure aujourd'hui une formule absolument inédite de justice en matière de crime contre l'humanité. Inspirées des anciennes assemblées villageoises, qui réglaient autrefois les différends locaux, les juridictions gacaca (1) vont entrer pour la première fois en vigueur afin de juger les exécutants du génocide de 1994, durant lequel quelque 800 000 Tutsis et Hutus modérés ont été assassinés, la plupart à la machette, la plupart par leurs voisins.

Ce système unique en son genre, qu'Avocats sans frontières a contribué à mettre en forme, est fondé sur l'aveu et le repentir. La mise en place d'une procédure d'aveu permettra la libération anticipée des «petits génocidaires», soumis à de simples travaux d'intérêt général. Les verdicts seront prononcés par un jury populaire de «personnes intègres», élu par la population locale. Le jury tranchera, après avoir écouté les témoignages à charge et à décharge des témoins présents dans le public, sur la culpabilité des accusés.

Réconciliation. Rescapés, familles des prisonniers, simples villageois, toute la population est appelée à participer aux débats comme «témoin, juge ou partie» au cours d'audiences en forme de véritable catharsis. Car le but affiché par les autorités est