Séville envoyés spéciaux
Tandis que onze corps de clandestins noyés venaient encore de s'échouer sur la côte tunisienne, l'Union européenne a proclamé vendredi sa volonté de se doter de nouveaux moyens de lutte contre l'immigration illégale. Mais le chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, hôte du sommet de Séville, a dû en rabattre sur ses ambitions : la France et la Suède ont fait passer à la trappe l'idée de sanctions contre les pays en développement qui ne freineraient pas l'exode de leurs populations. C'est donc une «approche équilibrée» qui a prévalu vendredi entre les quinze chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union, au détriment du discours tout-répressif martelé ces dernières semaines par le conservateur Aznar, comme par son homologue britannique, le néotravailliste Tony Blair.
Virus. C'est dans les jours suivant la percée électorale du Front national en France et du parti populiste de Pim Fortuyn aux Pays-Bas que la présidence espagnole de l'UE avait fait du thème de l'immigration illégale la priorité du Conseil européen de Séville. «Stupéfait de noter que cette question se trouve maintenant au premier plan», Pat Cox, le président du Parlement européen, a mis en garde les chefs d'Etat et de gouvernement à l'ouverture du sommet : «N'accréditons pas le soupçon que nous courons le risque d'attraper le virus de l'extrême droite.» Affichage politique oblige, l'Espagne aurait voulu qu'on «se souvienne de Séville comme l'acte de naissance d'une politique commune d'