Menu
Libération

Melilla, porte africaine pour l'Europe

Article réservé aux abonnés
L'enclave espagnole au Maroc tente d'endiguer le flot d'immigrants.
publié le 25 juin 2002 à 0h04

Melilla envoyé spécial

Sur une colline à l'écart de la ville, le centre d'accueil de la Très Pure Conception est gardé par deux surveillants armés qui interdisent l'entrée à tout visiteur. Cet ancien fort militaire, où sont hébergés 41 adolescents marocains, a un parfum de soufre. Le 27 mai, un éducateur a été frappé à coups de pierres par quatre jeunes du centre en état d'ivresse, avant de sombrer dans le coma. L'agression a secoué Melilla, une enclave espagnole de 12,3 km2 sur la côte du rif marocain occupée depuis le XVe siècle. Car cet acte de violence n'était pas le premier : le 13 mai, dans le Baluarte San Pedro, un autre centre d'accueil, une dizaine de mineurs marocains s'étaient battus à coups de barre de fer avec la police. Depuis, dans les rues bordées de palmiers de Melilla, les manifestations dénonçant l'insécurité croissante se succèdent.

Cette situation explosive illustre l'échec de la politique d'immigration de José Maria Aznar (lire encadré). Avec l'autre enclave de Ceuta, proche de Tanger, le chef du gouvernement espagnol a fait de Melilla une priorité dans sa lutte musclée contre l'immigration clandestine. Selon lui, Rabat fermerait les yeux sur l'entrée d'«illégaux» via ces deux accès à l'Union européenne. En 1998, Madrid a «blindé» sa frontière autour de Melilla en installant une double rangée de barbelés, ainsi que des tours de contrôle ultramodernes. En outre, la nouvelle loi sur l'immigration, en vigueur depuis dix-huit mois, facilite les procédures d'e