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Libération

L'arme de la famine en Angola

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3 millions d'Angolais ont besoin d'aide et 600 000 d'entre eux sont menacés.
publié le 28 juin 2002 à 0h06

Les armes se sont tues, mais la guerre continue. Chaque jour, des Angolais meurent par centaines, par milliers. Ce n'est pas une «simple» famine qui décime aujourd'hui l'Angola, c'est encore et toujours la guerre. Si, comme l'estime le Programme alimentaire mondial au terme de son évaluation, 3 millions d'Angolais ont besoin d'aide, si 600 000 d'entre eux sont en danger immédiat d'après l'estimation avancée par Médecins sans frontières (MSF), ce n'est pas l'effet de deux années d'une exceptionnelle sécheresse qui a frappé toute l'Afrique australe. La famine a bel et bien été l'arme privilégiée du gouvernement angolais dans son long assaut final contre les rebelles de l'Unita de Jonas Savimbi.

Terre brûlée. Décidées à couper l'Unita de ses bases arrière, les Forces armées angolaises n'ont pas hésité à raser des villages entiers, forçant les habitants à se regrouper dans des «camps» étroitement surveillés. Cette politique de la «terre brûlée» visait à empêcher l'Unita d'enrôler des hommes et de rançonner la population. Forcés à quitter leurs maisons incendiées, arrachés à leurs champs, ces paysans ont traversé l'automne puis l'hiver sans assistance. A Bunjei, au sud de Huambo, l'ancien fief de Savimbi, jusqu'à 14 000 personnes sont regroupées, à proximité immédiate du camp militaire, protégé par des mines et approvisionné en vivres et en bière. A côté, c'est le mouroir : 15 décès par jour, la plupart dus à la malnutrition. Une épidémie de rougeole décime les plus faibles. Les t