Varsovie de notre correspondante

Qu'il parle depuis la tribune du Parlement ou debout sur un tracteur lors d'un barrage routier, Andrzej Lepper, le dirigeant radical polonais, lance toujours les mêmes invectives à l'adresse du pouvoir : voleurs, canailles, escrocs. Il ne manque jamais une occasion d'accuser la classe politique, de droite comme de gauche, «de s'en mettre plein les poches alors que 70 % de la population vit dans la misère». «Lorsqu'ils seront dans l'Union européenne, les Polonais seront des esclaves, aime-t-il aussi à répéter. Ils vont essuyer les fesses des Allemandes ou balayer les rues de ce pays.» Porté par le charisme de son chef, son mouvement Samoobrona («autodéfense») vient de battre ce mois-ci un nouveau record de popularité avec 18 % de soutien dans les sondages. Il se place ainsi en deuxième position derrière la coalition social-démocrate au pouvoir qui a perdu quatre points (34 %).

Exportations de blé. Selon les auteurs du sondage, cette percée est due à une récente action spectaculaire de Samoobrona qui a déversé sur les rails du blé allemand. «Nos agriculteurs n'arrivent pas à vendre leurs réserves de blé alors que le gouvernement en importe de l'UE, tout juste avant la moisson qui s'annonce excellente cette année», avait alors expliqué Andrzej Lepper qui ajoute que ce «n'est pas du blé de bonne qualité mais des saletés». Le gouvernement a aussitôt demandé à Bruxelles de suspendre ses exportations céréalières vers la Pologne. Mais le coup a surtout