Le Caire
de notre correspondante
Certains portent l'habit rouge des condamnés à mort. Face à l'objectif, beaucoup sourient d'un air bonhomme. Ils s'affichent sur près de vingt pages de l'heb domadaire Al-Moussawar. Quatre des chefs historiques emprisonnés de la Gamaa al-islamiya, le principal mouvement islamiste armé d'Egypte, ont accordé une interview fleuve au rédacteur en chef de ce magazine progouvernemental, lors d'une rencontre avec 500 autres prisonniers membres de l'organisation. Ils disent avoir renoncé à la violence et soulignent que les attentats du 11 septembre ont «nui à l'image de l'islam». Ils rejettent toute alliance avec le Jihad égyptien, proche de Ben Laden et qualifient l'attaque contre le World Trade Center d'acte «contraire à la charia».
Violence. Un mea-culpa spectaculaire et tardif de la part d'un groupe qui a terrorisé l'Egypte pendant toute la dernière décennie en s'attaquant à la police, aux coptes (chrétiens d'Egypte) et aux touristes. La violence islamiste et la répression policière ont fait plus de 1 200 morts.
Mais cet acte de contrition déroutant n'est pas inattendu. En février, le quotidien Al-Ahram avait publié des extraits de textes de la direction du mouvement. Intitulés La Correction des concepts, ils redéfinissent la ligne officielle de la Gamaa et soulignent son tournant : arrêt définitif des violences, respect des coptes, regrets des attentats contre les touristes...
Propos retentissants. Un virage amorcé dès 1997, après une prise de co