Bourreaux, tortionnaires et dictateurs sanguinaires peuvent désormais craindre un peu plus pour leur impunité. A partir d'aujourd'hui, les responsables des crimes qui «défient l'imagination et heurtent profondément la conscience humaine» (lire ci-dessous) seront passibles de la Cour pénale internationale (CPI), officiellement créée ce 1er juillet à La Haye. «Cette occasion historique donne au monde la possibilité de dissuader dans le futur les auteurs d'atrocités», affirme le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan. Pour nombre de juristes comme pour les ONG qui furent très engagées dans l'élaboration du traité signé à Rome en juillet 1998 par 139 pays et ratifié ensuite par 71 états, ce tribunal permanent représente l'instrument juridique international le plus important depuis la Charte des Nations unies.
Hostilité de Bush. Son fonctionnement est néanmoins déjà hypothéqué par l'hostilité ouverte des Etats-Unis. Clinton avait signé le traité, mais l'administration Bush est revenue en arrière, estimant que la Cour «portait atteinte à la souveraineté des Etats-Unis». Hier soir, Washington a même usé de son veto à l'ONU, faute de garantie sur une exemption des casques bleus devant la justice internationale (lire ci-contre).
Dans une logique similaire, la France n'a ratifié le traité qu'avec une exemption pendant sept ans pour les crimes de guerre, comme le prévoit l'article 124. Les autres pays européens se sont engagés sans cette réserve. La géographie de la CPI reste à forte dom