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Libération

A Bogota, la misère prend ses aises

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Dans la capitale, de plus en plus de Colombiens cumulent les petits boulots.
publié le 2 juillet 2002 à 0h16

Bogota correspondance

Depuis le pas de sa cahute de tôles et de plan ches, Marta domine tout Bogota. «Une des plus belles vues de la ville», s'amuse cette habitante d'El Paraíso. Le quartier de maisons faites de bric et de broc étend ses ruelles boueuses sur une colline du sud de la capitale colombienne, là où rien n'existait il y a seulement cinq ans. Marta s'est installée là avec ses deux enfants, quand elle a dû fuir les combats entre guérilla et paramilitaires, dans son village de l'est du pays. Elle a gonflé le flot des quelque 80 000 personnes qui arrivent chaque année à Bogota, chassées par le conflit ou la crise économique, pour «chercher des opportunités à la ville». «Tout ce que j'ai trouvé, c'est plus de faim», raconte-t-elle. Ses illusions se sont vite envolées. «Ceux qui étaient là avant nous n'avaient déjà pas de travail, et d'autres continuent d'arriver», explique-t-elle en désignant une cabane de cartons, plus récente et plus précaire que les autres.

Inégalités. La Colombie est plongée dans une sévère crise économique alors que la violence armée de la guérilla et des milices paramilitaires s'accroît, un double défi que le président élu Alvaro Uribe devra relever. D'après un rapport de la Banque mondiale, plus de 60 % des Colombiens vivent dans la pauvreté, et 23 % ne satisfont même pas leurs besoins alimentaires, ce qui signifie un retour aux chiffres d'il y a quinze ans. De nombreux économistes attribuent ce fiasco à la brutale ouverture économique décidée au