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Libération

«Je n'arrive toujours pas à savoir comment on a fait ça»

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L'officier Souaïdia a raconté hier la sale guerre des généraux.
publié le 2 juillet 2002 à 0h16

«Pourquoi moi ?» Quand, il y a un an, un ex-sous-lieutenant, Habib Souaïdia, a publié la Sale Guerre, racontant les exactions de l'armée algérienne depuis 1992, il s'attendait à être attaqué en justice, par un général ou un autre. Et rien. «D'autres ont même dit pire que moi. Un ancien officier a écrit un livre où il accuse le général Nezzar d'avoir tué sa femme (1).» A ces mots, la salle de la 17e chambre correctionnelle de Paris sursaute. Tous sauf Nezzar, impassible. Finalement, Souaïdia est devant le tribunal, attaqué en diffamation par cet ex-ministre de la Défense algérien pour une interview diffusée sur TV5.

La salle du tribunal est trop petite. On se bouscule. Ceux qui sont entrés ont du mal à rester assis. L'énervement, l'émotion. Tout le monde sait ce qui va se jouer pendant cinq jours : le premier procès des responsabilités dans une guerre qui a déjà fait 200 000 morts.

Exécutions. «On était la chair à canon.» A la barre, Souaïdia, réfugié en Fran ce, raconte les «Forces spéciales», où il fut officier à partir de 1992. Les viols, la torture, les exécutions. Et sa voix qui se casse pour raconter ce soir parmi d'autres, à Lakhdaria. «Aujourd'hui encore, je n'arrive pas à savoir comment on s'est retrouvés à faire ça. On est partis en Renault Express avec des collègues.» A bord, un homme et un enfant de 15 ans, «qu'on a sortis de leur maison», accusés de terrorisme. «Quand on arrive à la décharge de la ville, on met l'enfant à poil. Il est attaché avec des fils de fer.»