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Libération

«Pas un homme politique correct, que des illettrés»

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A l'audience, le général Nezzar regarde défiler des ex-ministres.
publié le 3 juillet 2002 à 0h16

En Algérie, les hommes politiques existent. Physiquement en tout cas. La preuve : ils ont défilé hier devant la 17e correctionnelle de Paris. Tous ont la même façon de se présenter. Ils tissent longuement, comme des lauriers, leurs années d'exil et de prison, leur opposition au pouvoir algérien ou leur traversée du désert. Devenus ministres ou hauts fonctionnaires, les voilà qui s'excusent : on leur a proposé, «im posé», dira l'un d'eux... Pour conclure, tous se tournent vers le général Khaled Nezzar, l'un des hommes forts du régime algérien, en faveur duquel ils viennent témoigner pour l'assurer de leur vibrant soutien. Et Nezzar, qui bâille sans écouter, pense sans doute : «Quel cheptel !» C'était son commentaire sur la classe politique algérienne, à Hélène Flautre, députée européenne en visite à Alger.

Ce haut gradé attaque pour «diffamation» l'officier Habib Souaïdia, auteur d'un livre sur les exactions de l'armée en Algérie, pour avoir entre autres affirmé sur TV5 : «Cela fait dix ans qu'il n'y a pas de président, il n'y avait que des généraux (...). Ils ont tué des milliers de gens pour rien (...). Il faut les juger.» Dans ce premier procès sur les responsabilités dans cette sale guerre, la cour a fait hier un étrange voyage dans l'exercice du pouvoir en Algérie.

Décrets. Le cadre, c'est le début des années 90, lorsque le FIS vole de victoire en victoire. Sid Ahmed Ghozali est nommé chef du gouvernement en juin 1991. Il signe un décret, pour les assignations à résidence,