Rome de notre correspondant
Silvio Berlusconi a perdu hier l'un des poids lourds de son gouvernement. Après avoir résisté pendant quatre jours, le ministre de l'Intérieur Claudio Scajola a été contraint de remettre sa démission au président du Conseil italien. Déjà mis sur la sellette au cours des derniers mois pour des déclarations intempestives, ce baron de Forza Italia a été emporté à la suite de ses commentaires sur Marco Biagi, l'économiste assassiné par les nouvelles Brigades rouges le 19 mars.
Pression. «Demandez à Ma roni (le ministre du Travail dont la victime était l'un des conseillers, ndlr) si Biagi était une figure importante», avait déclaré samedi, avec dédain, le ministre de l'Intérieur en conversant avec trois journalistes. Claudio Scajola avait ajouté que la victime «n'était qu'un casse-couilles qui faisait pression pour obtenir le renouvellement de son contrat de con sultant». La semaine dernière, le quotidien la Repubblica (centre gauche) avait publié des lettres de Marco Biagi qui, se sentant menacé, demandait désespérément aux différentes autorités de lui fournir une escorte. Cette publication avait relancé la question de la protection policière de l'économiste. «On fait tout pour me mêler à cette his toire», s'était alors insurgé le ministre : «Si Biagi avait eu une escorte, il n'y aurait pas eu un mort, mais trois.»
Devant la pression de l'opposition, de l'opinion et d'une partie de sa majorité, Berlusconi a finalement décidé de sacrifier Claudio Scajola.