Londres de notre correspondant
Comment introduire la carte d'identité en douceur dans un pays très attaché aux libertés publiques et au respect de la vie privée ? Tel est le défi que le ministre britannique de l'Intérieur, David Blunkett, a tenté de relever hier. Devant le Parlement, il a proposé d'instaurer une carte qui donnera accès aux services sociaux. Un rectangle de plastique infalsifiable comportant le nom, le prénom et la photo du détenteur. Et peut-être même son empreinte digitale. Toute ressemblance avec la carte d'identité en vigueur dans les pays voisins étant évidemment fortuite.
Resquilleurs. Le projet du gouvernement de Tony Blair suscite une très forte résistance au Parlement, y compris dans les rangs travaillistes. La der nière fois qu'une pareille me sure a été introduite dans le royaume, la Seconde Guerre mondiale faisait rage. Le gouvernement n'avait mis en fiche ses concitoyens que pour mieux traquer les déserteurs, les espions allemands et les resquilleurs du système de rationnement. Très impopulaire, la carte d'identité avait été supprimée en 1952. Churchill, alors Premier ministre, craignait que son maintien ne dresse la population contre la police.
La Grande-Bretagne est l'un des derniers pays de l'Union européenne (avec la Suède, l'Irlande et la Norvège) à ne pas posséder ce type de document. En 1995, John Major avait tenté de mettre fin à cette exception britannique, mais avait reculé devant le coût très élevé de l'opération et les critiques des défe